

De « top-down » à transitoire : le projet du 77 Bernard Est
Le site du 77 Bernard Est (77BE) illustrait la volonté nouvelle de la Ville de collaborer avec les communautés locales motivées pour créer des lieux authentiques et porteurs de sens. Ce bâtiment, modeste et épuré, représentait un vestige précieux de l’époque industrielle qui avait façonné le caractère unique de ce quartier prisé.
Situé aux abords du Champ des possibles — un espace de biodiversité cogéré avec la communauté — et à proximité de diverses initiatives culturelles et artistiques, le site du 77BE avait acquis un nouveau sens avec le temps : celui d’une friche culturelle, d’un lieu autrefois oublié devenu espace d’opportunité et d’appropriation citoyenne. Toutefois, cette occupation informelle durant les dernières années avait provoqué des tensions entre les parties prenantes du secteur.
Malgré la désignation patrimoniale de l’aire environnante du Monastère des Carmélites, le Service de gestion et planification immobilière (SGPI) avait acquis le site dans l’intention d’y établir une cour de voirie municipale. À l’annonce de la démolition, les communautés locales s’étaient rapidement mobilisées, ce qui avait poussé l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal à suspendre le processus. En réponse, la Ville avait intégré les lots du Champ des possibles, du 77BE et des terrains adjacents au domaine public, les reclassant en zone « parc » pour en préserver la valeur communautaire.
Initialement, l’arrondissement prévoyait de rénover le bâtiment avant de définir ses usages. Cependant, après consultation avec les communautés, il était apparu qu’un projet de type « top-down » ne serait pas bien reçu. En 2017, Espaces temps avait été mandaté pour organiser les consultations publiques autour de la requalification du 77BE, et nous nous étions d’abord impliqué·e·s bénévolement dans ces échanges, avant d’être engagé·e·s pour notre expertise en occupation transitoire. Nous avons alors conseillé l’arrondissement et la Division du patrimoine sur la mise en place d’un projet « bottom-up », qui servirait à la fois de plateforme d’écoute et de terrain d’expérimentation pour tester des usages à long terme dans un lieu vacant, une approche unique en urbanisme transitoire dans la région de Montréal.
Nous avons coordonné le mandat d’évaluation technique (étude de faisabilité) avec Écobâtiment, partenaire du projet. Ce partenariat avait permis d’introduire une approche innovante aux audits transitoires. L’équipe avait aussi proposé un cadre d’évaluation évolutif pour tirer des leçons précieuses et appliquer ce modèle d’urbanisme transitoire aux futures initiatives municipales, en collaboration avec la Division du patrimoine.
Parallèlement, nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’arrondissement pour proposer une occupation transitoire rapide, adaptée et participative, incluant le soutien aux communications, la gestion des travaux de sécurisation et des améliorations locatives, ainsi que l’élaboration d’un cadre de gestion participative continue.